La mémoire d’Adèle Sabathier honorée

Adèle Sabathier était secrétaire de mairie pendant la Guerre. Résistante, elle fournissait des faux papiers d’identité. Dénoncée, elle a été déportée à Ravensbruck.

C’était un bal de village pour rompre, le temps d’une après-midi d’avril 1944, avec la pression de la Guerre et de l’Occupation. Au lieu-dit Entrouet à Ordan-Larroque, un brin d’insouciance s’invite dans ce contexte pesant jusqu’à la visite de soldats allemands. Le bal n’est pas autorisé, mais surtout une trentaine de jeunes fuyant le service de travail obligatoire s’y était réfugiée pour s’amuser. Ils sont, pour la plupart, munis de deux cartes d’identité, la vraie, et celle qui maquillait leur âge pour ne pas être enrôlé au STO.

Hasard de l’escale d’une patrouille ou résultat calculé d’une dénonciation ? L’histoire ne le dit pas. Mais cet événement conduit les nazis à remonter la filière de ces fausses pièces d’identité jusqu’à la mairie de la commune et sa secrétaire, Adèle Sabathier.

Elle a vent de sa possible arrestation, mais dotée d’une forte personnalité, la Résistante refuse de se cacher et assume d’avoir réalisé plus d’une quarantaine de cartes d’identité pour éviter le STO aux jeunes. Agée de 73 ans, elle pense alors ne pas être arrêtée. Elle est finalement déportée à Ravensbruck. Des témoins racontent qu’elle chantait la Marseillaise dans le camion qui l’emmenait vers le camp. Elle y était la doyenne, et y mourut le 2 novembre 1944.

A l’occasion du 80e anniversaire de l’Armistice, la maire Marie-Line Everlet et le conseil municipal ont souhaité lui rendre hommage avec l’appui de l’association Culture et loisirs. Les élèves de l’école ont travaillé sur cet épisode tragique, et plus largement sur la condition des femmes gersoises déportées.

Jeudi 8 mai, après la cérémonie, une plaque a été dévoilée en souvenir d’Adèle Sabathier, en présence de son arrière petit-neveu, Pierre Sabathié et de sa famille, Muriel, Arno et Ella. Les élèves et les enseignants de l’école ont présenté leurs travaux qui seront exposés cet été au Conservatoire municipal d’archéologie et d’histoire. Un devoir de mémoire au sens noble du terme.

Monsieur Bernard Ksaz, conseiller départemental, Madame Miotti représentant le Souvenir Français, Madame Laïrle au nom de l’ANACR 32 et du Musée de la Résistance d’Auch, ainsi que Messieurs Macary délégués par le maire de Biran, ont honoré cette cérémonie de leur présence.