Foyer d’accueil médicalisé pour adultes handicapés (FAM)
En 2015, Castel fêtait ses 40 ans. L’histoire de la création de l’Association de réadaptation rurale pour enfants et adultes handicapés profonds est toutefois singulière et on mesure difficilement aujourd’hui ce qu’elle avait de novateur.
En janvier 1970, un groupe de parents ayant un enfant atteint d’un handicap mental grave, sous l’impulsion d’un docteur en psychopathologie, directeur de l’établissement où était placé leur enfant, décidait de créer une association. Ces parents n’avaient au départ que leur souffrance, leur foi en l’avenir et leur volonté de voir leur rêve aboutir.
Leurs enfants arrivaient à l’âge de 20 ans. La gravité de leur pathologie ne permettait pas d’envisager un placement en ESAT (CAT à cette époque). Restait l’hôpital spécialisé dont ils ne voulaient pas et pour une durée de vie que l’on pensait brève.
La solution logique et humaine consistait à créer un foyer de vie. C’est ainsi que fut créée « l’Association pour la Réadaptation Rurale des Enfants et Adultes Handicapés Profonds ».
L’association se donnait deux objectifs :
- Créer un foyer où leur enfant pourrait épanouir sa personnalité dans une ambiance de liberté et d’amour, et ce jusqu’à la fin de ses jours (sauf cas vraiment exceptionnel). Il découlait de cette volonté que les résidants, en tant que membres de l’Association nommément désignés, deviendraient par parent ou tuteur interposés les vrais propriétaires du foyer. Et c’est à ce titre qu’ils pourraient recevoir leurs parents dans l’hôtellerie prévue à cet effet. En découlait également que les activités proposées ne pourraient être qu’occupationnelles et de créativité, à l’exclusion de toute notion de productivité et de rentabilité.
- Créer une véritable solidarité entre les membres qui permette la prise en charge effective et affective mutuelle de leur enfant, le jour où ils ne pourront plus l’exercer eux-mêmes.
Après cinq ans passés à chercher un lieu d’implantation, des fonds et asseoir la crédibilité du projet auprès des autorités, le foyer ouvrait ses portes le 15 février 1975, avec un agrément expérimental. Ils ont pu acheter à l’Archevêché d’Auch, en hypothéquant leurs propres maisons pour certains, les bâtiments de l’ancien orphelinat fermé quelques années plus tôt. Il y avait bien des murs et un toit mais tout était à bâtir. Castel était encore un projet conduit par des familles pionnières et inspirées et terriblement motivées. Elles se sont entourées d’équipes volontaires qui ont accepté d’apprendre en avançant.
En 2020 Castel accueille 68 résidants (de 22 à 83 ans) dont cinq vivent dans une villa au centre-ville d’Auch dans le cadre d’une volonté d’inclusion sociale. Depuis le printemps 2016, ce qui était expérimental, s’avère être une réussite pour ces cinq résidants qui ont investi la ville et les services culturels, sportifs, sociaux et commerciaux qu’elle propose. Cette expérimentation s’inscrit dans la tradition de Castel d’imaginer des solutions d’accompagnement innovantes et adaptées finement aux personnes que nous accueillons.
Quarante-cinq ans après, où en est l’association ? Les techniques ont évoluées, se sont affinées avec l’appui de l’expérience, et l’apport de théories. Présents en majorité depuis l’ouverture, les résidants ont trouvé leur place. Ils se sont ouverts, ont pris conscience de leur personnalité, de leur valeur humaine. Ils ont vieilli ensemble, certains ont disparu, et ont laissé la place à des plus jeunes. Nous accueillons également des personnes dont le handicap est lourd et très complexe. Notre expertise est notamment reconnue dans l’accompagnement de personnes atteintes du syndrome de Prader-Willi qui ont souvent du mal à être accueillies dans les établissements pour adultes.
L’association, pour sa part, a dû faire face à la disparition des parents fondateurs, mais constate que leur esprit se manifeste dans les fratries qui ont pris le relais, ou des membres amis partageant le projet. Si les objectifs initiaux n’ont pas changé, les enjeux actuels autour de notre association ont évolué.
L’ouverture du Conseil d’administration à des « non-parents » a permis également de l’enrichir de compétences juridiques, financières pour faire face aux exigences toujours plus grandes des tutelles et un environnement normatif plus complexe.
L’ARREAHP Foyer Castel Saint Louis occupe 110 salariés qui, pour les deux tiers, habitent dans un rayon de 15 km autour d’Ordan-Larroque. C’est à la fois un gros établissement et une petite structure au regard des regroupements qui n’ont cessé de prospérer dans le médico-social.
L’établissement, fidèle aux principes humanistes qui ont présidé à sa création, a toujours à cœur d’offrir les meilleures conditions de travail possibles à ses collaborateurs que ce soit en termes d’organisation du temps de travail que du cadre de travail, de la qualité des équipements (matériels adaptés, véhicules récents et entretenus), de la sécurité.
L’isolement géographique relatif de l’établissement est compensé par l’ouverture sur les communes et espaces environnant, que ce soit pour la pratique d’activités (équitation, thermes, natation, basket, festival Trad’Envie…) ou les animations proposées en interne (concerts, brocante, Trail du défi gersois…).
Nous sommes ancrés dans ce territoire rural qui permet plus de liberté de déplacement aux résidants et nous avons des perspectives de désenclavement technologique : la 4G est attendue pour fin 2021 et la fibre est espérée pour la même période. Les résidants plus jeunes sont connectés à leur époque et ils nous reprochent parfois l’absence de réseau mobile.
Les excellentes relations que nous entretenons avec la commune d’Ordan-Larroque ont permis de nouer des partenariats fidèles au fil du temps, de se rendre des services réciproques et ça contribue à notre sentiment d’appartenance à la collectivité.
Michel Weber